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L'eau coule sur sa peau blanche, roule sur son corps nu, ruisselle jusqu'aux carreaux blancs du sol. Le chuchotement des gouttes qui tombent l'enveloppe et la buée se forme sur les parois vitrées. Coupée du monde, elle savoure la chaleur qui parcourt ses formes, qui caresse ses cheveux. L'air chaud et humide colle des mèches sur son visage, des filets d'eau coulent doucement le long de ses jambes, le long de ses bras. Elle aurait voulu rester des heures dans cet endroit hors du temps, dans ce havre de sensualité. Ses lèvres entrouvertes et mouillées laissent passer un souffle léger, comme un soupir, comme quelques mots d'amour tombés dans l'oreille de l'eau qui court. Elle penche la tête en arrière, et se laisse emporter avec le flot continu. Elle est portée par cette poésie, cet instant suspendu. Elle ressent cette pluie qui visite son corps, qui descend en suivant ses courbes.

Tendant la main, elle attrape le savon et commence à s'en recouvrir la peau, de telle sorte qu'une mousse épaisse emplit l'espace autour d'elle. Des bulles s'envolent, et leur légèreté la fascine. Elles sont si belles, si douces, si libres... Elles montent lentement, elles prennent leur temps, peu pressées de quitter des yeux la volupté de cette femme. Elles volent, elles tournent tout autour d'elle, comme une nuée d'oiseaux sublimes, qui l'observent pendant que l'eau la prend dans ses bras. Sa respiration silencieuse les éloigne d'elle, elle sont têtues mais elles restent belles, et douces, et libres. Elles refusent de se laisser cueillir, elles sont simplement là pour danser dans l'atmosphère humide.

Petit à petit, les bulles finissent par disparaître, car elles sont éphémères. L'eau continue de s'écouler, pendant qu'elle profite, blottie dans sa chaleur, des dernières secondes qui lui restent avec elle. La douche.

La douche

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