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La vague

Soudain, je la ressens.

La vague. Elle avance. Encore. Elle continue. Je la vois, elle vient vers moi. C'est inévitable. Je pourrais fuir, si seulement je le voulais, si seulement j'essayais, si seulement j'osais, si seulement… Mais je ne fais rien. Je la laisse arriver.

Et pourtant j'entends, le rouleau gronder, je sens, l'écume murmurer, je touche, les flots agités, je goûte, l'eau salée, et enfin je vois, la vague avancer.

Elle est aussi grande que je suis petit, elle est aussi forte que je suis faible. Je suis humblement honoré qu'elle daigne m'accorder de son temps et de sa beauté. Je me surprend à jouer avec elle, à souhaiter qu'elle vienne vers moi, qu'elle m'embrasse, juste pour voir, pour sentir son contact humide et froid. J'ai envie de la connaître, d'essayer de l'apprivoiser, juste pour voir.

La vague progresse. Je commence à avoir chaud, à transpirer, j'ai peur, je sens les gouttes arroser mon visage, elle se rapproche. Je vais paniquer, elle arrive toujours plus vite, toujours plus fort, et grandit à chaque seconde, je n'en peux plus, j'étouffe, à l'aide ! Maintenant je veux qu'elle s’arrête, assez joué, je change d'avis, j'ai peur de l'impact, j'ai peur de la vague, j'ai peur !

Trop tard. C'est la fin. Elle est là. Elle s'écrase sur moi. Je sens l'eau salée s'engouffrer dans mes narines, dans mes poumons. Je me noie. Elle a gagné.

Une larme coule sur ma joue.

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