top of page

Tout tourne tout tourne où suis-je aidez moi pourquoi au secours à l'aide encore des mots toujours du bruit la foule le vent respire.
Les yeux s'écarquillent, les cheveux se dressent, et je recule, je trébuche, je suis une feuille ballottée par le courant, par la vague qui monte en moi, plus grande que moi, plus forte que moi. Plus forte que moi plus forte que moi et moi
minuscule je ne peux pas
combattre
je veux
que ça s'arrête je veux
être ailleurs.
Bouffées d'air, inspirations paniquées, à la recherche d'une sortie, d'un instinct de survie, je titube, mes pas hasardeux en une danse saccadée, regards désespérés, quelqu'un peut-être, quelqu'un pour moi ? Non, personne ne peut voir, ne peut sentir le danger qui n'existe pas, l'absurdité de la peur panique, personne ne peut aider.
Je ne veux qu'être ailleurs, m'enfuir de mon corps, n'importe quoi pourvu que la peur cesse, que l'angoisse s'en aille, que la panique meure. Je veux qu'elles me laissent en paix, qu'elles arrêtent de me harceler, pitié. Pitié, et ce mot implorant s'enfuit entre mes lèvres, d'un gémissement il devient un cri, un hurlement à la mort. Je pleure, l'hystérie qui m'anime me fait fatalement déchirer l'unité rangée et calme de la foule. Mes genoux se dérobent sous le poids insoutenable et je finis par tomber.

Je suis au sol. Les centaines de pieds ne piétinent plus. Plus rien ne bouge. Le temps s'est arrêté. Je n'entends plus que le silence, et je l'écoute, bercée. Je sens une brise caresser ma joue humide. Cet air, qui entrait par bourrasques dans mes poumons et mon cerveau semble vouloir me consoler. Je suis bien, dans cette brèche temporelle, cet endroit délivré du mouvement. Ma respiration ralentit, les battements de mon cœur s'apaisent, ma tête cesse de bourdonner. Allongée sur le sol, une force monte en moi, inspirée par le vent qui soulève mes cheveux. Je la sens vibrer, dans tout mon corps, jusqu'au bout de mes doigts. Pourquoi est-ce que je resterais à terre ? Cette question s'accroche à moi, s'enracine. Je sens la force résister contre la terreur, s'insurger. Et si je refusais la peur ? Mon âme timide risque un œil dehors, et voit les couleurs revenir sur le monde. Vite, il faut faire quelque chose, avant que la marche ne reprenne, avant que les pieds ne piétinent. Vite, mais l'âme incertaine craint l'au-dehors, et hésite à se risquer toute entière. Vite, et la force devient de plus en plus grande. Il faut faire un choix. Sa battre ou juste rester là.
Mais puisque les chaussures doivent se mettre en mouvement, moi aussi. Tant pis pour la peur. Le vent sera de mon côté. S'il faut essayer de vivre jusqu'à la mort, je le ferai. De plus en plus fort, je me mets à refuser d'avoir échoué face à l'angoisse.
Je sens le monde se pigmenter, et le murmure de la foule reprendre. La vie reprend son cours.
Et moi, je suis debout.

Panique

bottom of page