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J'entrai dans la pièce, avec la désagréable sensation de sa main effleurant mon dos. Il faisait sombre, et deux hauts-parleurs crachaient une musique hypnotique. Une odeur inconnue flottait dans l'air lourd. Il me demanda de me déshabiller, d'une voix qui semblait vouloir donner l'impression qu'un choix était possible. Ce n'était pas le cas. Je m'exécutai, son regard perçant pesant sur les épaules. J'avais peur de ce qu'il pourrait me faire, car, m'allongeant sur l'imposante table qu'il avait désignée, j'étais complètement à sa merci. Il s'approcha, et je l'entendis ouvrir une boîte dont je ne parvenais pas à apercevoir le contenu. Cliquetis métalliques, puis soudain, plus rien. Le silence. C'est alors que la première aiguille s'enfonça dans la chair de ma main gauche.

Une douleur lancinante me ravagea le bras, pendant que le monstre continuait de me percer le corps avec ses instruments de torture. A présent, je ne pouvais plus bouger, j'étais épinglée de toutes parts. Je n'aurais jamais dû venir, tout cela ne serait pas arrivé…

– Vous n'avez pas trop mal ?

Je bouillonnais. Cette remarque était tellement absurde ; comment pouvait-il me demander cela alors qu'il était l'auteur même de ma souffrance ? Et ce sourire en coin, que signifiait-il ? Allait-il finit par me tuer, ou le laisserait-il mourir lentement de douleur ? Je tremblais, tremblais d'effroi.
C'est alors qu'il quitta la pièce. Il me laissa seule avec mes pieux, ce qui confirma mon hypothèse du pur sadisme. Je n'y croyais pas. Je ne pouvais pas rester couchée à rien faire. Seulement, je ne pouvais pas non plus me débattre, la douleur n'en aurait été que plus grande. Je me résignai donc à supporter mon calvaire.

Je ne sais pas combien de temps je restai comme ça, immobile, mais au bout de ce qui me sembla durer une éternité, il revint à mes douloureux côtés. À ma plus grande stupeur, sans même que je puisse le soupçonner, il commença à retirer toutes les aiguilles, dans le plus profond des calmes, sans rien dire.

Lentement, je me sentais revivre, la douleur s'envolait enfin. Quand il eut fini, il dit simplement :

– Vous pouvez vous rhabiller, mademoiselle. J'espère que la séance vous a plu, à la semaine prochaine !

C'était mon premier rendez-vous chez l’acupuncteur.

Picotement aigu

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